Introduite par les Romains, qui eux-mêmes la tenaient des civilisations du Moyen Orient, la brique de terre cuite a trouvé une terre d’élection dans le Midi toulousain, pauvre en carrières de pierre mais riche en argile. Dans la région elle est appelée brique foraine.
Un héritage de l’antiquité romaine : la brique foraine
Le chaos qui suit la chute de l’empire romain voit les civilisations du haut Moyen âge perdre l’usage de la brique de terre cuite. Il faut attendre le 12ème siècle pour que l’Europe réutilise la brique à une échelle notable, avec une révolution dans le monde de l’architecture de brique : la diffusion en Europe de la brique du nord, inventée par les maçons lombards vers le 10ème siècle.
Cette brique du nord est d’un format plus pratique que l’ancienne brique romaine. Bien que se déclinant en de multiples tailles selon les régions, elle est généralement plus petite et moins plate que sa cousine romaine. Surtout, sa longueur égale à deux fois sa largeur plus le joint permet l’édification d’appareils réguliers, et autorise des jeux de décors géométriques par variation du sens de pose et de la couleur.
Appareil de brique du nord :
Certaines régions résistent toutefois à ce déferlement de la brique du nord et restent attachées à la brique romaine. C’est le cas par exemple de l’Italie centrale et du Midi toulousain. Il faut sans doute y voir le poids de la tradition mais également l’attachement à une vraie culture locale de la brique qui avait ses spécificités. Dans ces régions en effet l’usage de la brique n’avait sans doute jamais totalement disparu.
A Toulouse et sa région, l’héritière de l’antique brique romaine est la brique foraine. Elle reprend les caractéristiques de son ancêtre : grand format et forme plate.
Ce format devenu atypique de la brique foraine a induit des différences majeures dans la pose et l’ornementation, par comparaison avec la brique du nord. Ainsi l’appareil de brique foraine est-il irrégulier (du moins jusqu’au 19ème siècle), car cette brique grande et très plate tirait peu d’avantages esthétiques d’un appareil régulier. En outre son rapport longueur/largeur est de 3/2, ce qui est peu propice à l’alternance du sens de pose des briques.
L’appareil de la brique foraine est irrégulier : les briques ne sont pas alignées verticalement, de plus leur taille apparente et leur couleur peuvent varier aléatoirement :
Pour l’ornementation : la taille de la brique
Privée des facilités décoratives offertes par le format de la brique du nord, la brique foraine avait pour son ornementation donné naissance à une profession d’ouvriers appelés « tailleurs de briques », dont le rôle était de modifier la forme standard de la brique déjà posée sur le mur. Les ornements ainsi obtenus étaient de type moulure ou pilastre, il n’était pas question avec la technique de taille de la brique d’obtenir l’équivalent des sculptures de pierre les plus complexes.
La taille de la brique permettait toutefois de faire des décors assez élaborés, tel ce portail de la rue tripière à Toulouse :
Quelle place pour la pierre ?
Toulouse a laissé une part certes très minoritaire mais toutefois non négligeable à la pierre. Il fallait lui faire descendre la Garonne sur des radeaux depuis le piémont pyrénéen (de même que le marbre). Son transport et les faibles volumes disponibles la rendaient fort chère sur le marché toulousain, elle devint par conséquent un symbole de luxe dans cette ville de brique. Les commanditaires fortunés aimaient à l’utiliser pour étaler leur richesse, on la retrouve donc généralement à des endroits parcimonieusement choisis : chaînage des portes et fenêtres, sculptures décoratives…
Même rare elle suffit à donner à l’architecture toulousaine une de ses caractéristiques : la polychromie rouge/blanc.
Brique taillée et pierre sculptée sont les deux moyens utilisés à Toulouse pour les décors architecturaux :
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